Publié le 15 mars 2024

La clé du développement RAW n’est pas de maîtriser tous les outils, mais d’adopter une routine intentionnelle qui transforme vos fichiers bruts en œuvres personnelles.

  • Un fichier RAW n’est pas une image terne, mais un « négatif numérique » riche en données, attendant votre interprétation.
  • Le secret réside dans un workflow systématique : tri, corrections de base, développement créatif, puis export adapté.

Recommandation : Définissez si votre image doit être un reflet fidèle de la réalité (développement neutre) ou une expression artistique (développement interprétatif) avant même de toucher le premier curseur.

Vous ouvrez fièrement la photo que vous venez de prendre. Sur l’écran de votre appareil, elle était vibrante, contrastée, parfaite. Mais sur votre ordinateur, le fichier RAW apparaît plat, terne, presque décevant. Cette frustration est le point de départ de nombreux photographes qui, comme vous, ont fait le choix exigeant du format RAW. On vous a dit que c’était la voie de la qualité, mais le résultat brut semble contredire cette promesse. Face à cette toile grise, l’instinct est de pousser les curseurs de saturation et de contraste au hasard, en espérant retrouver par miracle la magie de l’instant. C’est une approche compréhensible, mais fondamentalement aléatoire, qui mène souvent à des images artificielles et bruitées.

La vérité, c’est que le problème n’est pas votre fichier RAW. Au contraire, sa platitude est le signe de son immense potentiel. Mais si la véritable clé n’était pas dans une correction frénétique, mais dans une approche méthodique et intentionnelle ? Si le développement RAW n’était pas une tâche technique, mais un acte créatif, la seconde moitié du processus photographique ? C’est le passage d’une logique de « réparation » à une logique de « révélation ». Cet article n’est pas une simple liste de fonctions Lightroom. Il vous propose une philosophie et une méthode structurée pour transformer votre frustration en maîtrise créative. Nous allons démystifier la nature du fichier RAW, construire une routine de développement systématique, et apprendre à faire des choix délibérés pour que chaque image devienne le reflet précis de votre vision.

Cet article vous guidera à travers les étapes essentielles pour construire un processus de développement qui vous est propre. Du pourquoi technique à la vision artistique, découvrez une approche structurée pour enfin exploiter la richesse de vos négatifs numériques.

Pourquoi vos photos RAW sont ternes alors que les JPEG de l’appareil sont éclatants ?

Cette différence frappante est la source de bien des frustrations, mais elle est aussi la clé pour comprendre la puissance du format RAW. Un fichier JPEG est une image finie. Votre appareil photo a pris les données brutes du capteur, a appliqué une série de réglages prédéfinis (netteté, contraste, saturation, balance des blancs) et a compressé le tout en un fichier léger et partageable. C’est une interprétation automatisée. Le RAW, lui, est l’exact opposé : ce n’est pas une image, mais un « négatif numérique ». Il contient toutes les données brutes capturées par le capteur, sans aucune interprétation ni compression destructive. C’est une matière première, volontairement neutre pour vous laisser une latitude de travail maximale.

La supériorité technique du RAW réside dans sa profondeur de couleur. Alors qu’un JPEG est codé sur 8 bits (offrant 16,7 millions de couleurs), un fichier RAW moderne travaille en 12, 14, voire 16 bits. Cette différence n’est pas un détail : elle signifie que le RAW contient des milliers de fois plus d’informations tonales. Techniquement, cela s’explique par le fait que le RAW préserve la courbe gamma linéaire du capteur pour maximiser les informations dans les hautes et basses lumières. C’est cette richesse latente, invisible au premier regard, qui vous permet de récupérer des détails dans un ciel surexposé ou de déboucher des ombres sans créer de bruit disgracieux, des opérations impossibles avec un JPEG. Votre RAW est « terne » car il n’a pas encore été « développé » ; il attend vos décisions créatives.

Pour vous en convaincre, l’expérience la plus simple est la plus parlante :

  • Comparez côte à côte : Prenez la même photo en mode RAW+JPEG. Ouvrez les deux fichiers et zoomez dans les zones les plus sombres et les plus claires. La différence de nuance est souvent déjà visible.
  • Testez la récupération : Dans votre logiciel, essayez de baisser l’exposition de -2 IL sur la zone claire et de la monter de +2 IL sur la zone sombre pour les deux fichiers. Le JPEG affichera vite ses limites (aplats, bruit), tandis que le RAW révélera des détails que vous pensiez perdus.
  • Analysez le poids : Un fichier RAW est souvent 3 à 5 fois plus lourd qu’un JPEG de haute qualité. Ce « poids » supplémentaire, c’est le poids des données, de la flexibilité et du potentiel créatif que vous avez à votre disposition.

Accepter l’aspect plat du RAW, c’est donc accepter le contrôle total sur le rendu final de votre image. L’étape suivante consiste à structurer ce contrôle pour qu’il ne soit plus une source d’hésitation, mais un processus fluide et intentionnel.

Comment créer votre routine de développement RAW en 10 étapes systématiques ?

Le développement aléatoire est l’ennemi de la cohérence et de l’efficacité. Pour transformer la matière brute de vos RAW en images abouties, l’adoption d’un workflow systématique est non-négociable. Il ne s’agit pas d’une recette rigide, mais d’un ordre logique qui assure que chaque réglage est appliqué sur une base saine. Pensez-y comme à la construction d’une maison : on ne peint pas les murs avant que les fondations et la structure ne soient en place. Cette routine est votre feuille de route pour un développement maîtrisé, qui devient plus rapide et intuitif avec la pratique. En France, où le marché de la photographie professionnelle représente 1,4 milliard d’euros, l’efficacité est un avantage concurrentiel majeur.

Espace de travail d'un photographe avec écran montrant l'interface de développement photo

Cet espace de travail organisé reflète la méthode que vous devez appliquer à votre flux numérique. Voici une routine en 10 étapes, qui peut être adaptée, mais dont l’ordre est crucial :

  1. Import et organisation : Intégrez vos photos dans une structure de dossiers et de collections claire (par exemple, par date et par sujet). C’est le fondement de votre catalogue.
  2. Tri et sélection (Culling) : Première passe rapide pour rejeter les photos ratées (touche X) et marquer les meilleures (touche P ou système d’étoiles). C’est l’étape la plus importante pour gagner du temps.
  3. Corrections de l’objectif : Appliquez les profils de correction automatique pour éliminer la distorsion et le vignettage propres à votre objectif.
  4. Transformation et recadrage : Redressez l’horizon et recadrez l’image si nécessaire pour renforcer votre composition. Faites-le tôt pour ne pas travailler sur des zones qui seront coupées.
  5. Balance des blancs : Définissez l’ambiance colorimétrique générale de votre image. Visez une teinte neutre ou créative selon votre intention.
  6. Ajustements de base de la tonalité : C’est le cœur du développement. Réglez l’exposition globale, puis affinez avec les curseurs Hautes lumières, Ombres, Blancs et Noirs pour équilibrer l’histogramme.
  7. Présence (Clarté, Texture, Vibrance) : Une fois la tonalité globale correcte, ajoutez du micro-contraste avec la Clarté, accentuez les détails fins avec la Texture et ravivez les couleurs moins saturées avec la Vibrance.
  8. Ajustements de couleur (TSL/Color Grading) : Affinez la teinte, la saturation et la luminance de chaque couleur individuellement. C’est ici que votre signature visuelle commence à se dessiner.
  9. Corrections locales et netteté : Utilisez les masques pour ajuster des zones spécifiques de l’image. Appliquez ensuite une netteté adaptée à la destination finale.
  10. Exportation : Exportez votre image dans le format, la taille et l’espace colorimétrique requis pour sa diffusion (web, impression…).

Cette séquence assure que les ajustements globaux sont faits avant les détails fins, évitant ainsi de devoir revenir en arrière constamment. Avec le temps, vous naviguerez entre ces étapes avec une aisance qui libérera votre esprit pour la seule chose qui compte : la créativité.

Développement neutre vs interprétatif : quelle approche pour quelle destination d’image ?

Une fois votre routine en place, la question fondamentale devient : quel est le but de mon image ? Tout développement RAW oscille entre deux pôles : le développement neutre et le développement interprétatif. Comprendre cette distinction est crucial pour répondre aux attentes de vos clients ou pour affirmer votre vision artistique. Le premier vise la fidélité absolue, le second, l’émotion et la singularité. Aucun n’est meilleur que l’autre ; ils servent simplement des objectifs différents. Le choix dépend entièrement de la destination finale de l’image.

Le développement neutre cherche à reproduire la réalité de la manière la plus précise possible. Les couleurs doivent être justes, les perspectives droites, les informations claires. C’est le standard pour la photographie immobilière, la reproduction d’œuvres d’art, la photographie de produit (packshot) ou encore les constats d’expertise. L’interprétation du photographe doit être minimale. À l’inverse, le développement interprétatif utilise les outils du logiciel pour créer un style, une ambiance, une signature visuelle. C’est le domaine de la photographie de mariage « Fine Art », du portrait artistique ou du paysage dramatique. Ici, le photographe s’autorise à modifier les couleurs, ajouter du grain, ou jouer avec les contrastes pour sublimer la réalité et transmettre une émotion. Le tableau suivant, basé sur une analyse des besoins du marché français, illustre cette dualité.

Destination Type de développement Caractéristiques Exemples concrets
Immobilier Neutre Fidélité des couleurs, perspectives corrigées Agences Orpi, Century 21
Expertise/Assurance Neutre strict Documentation factuelle, sans embellissement Constats sinistre, inventaires
Mariage Fine Art Interprétatif Tons pastel, grain ajouté, style signature Tendance 2024-2025 en France
Culinaire chef Interprétatif Sublimation, textures accentuées Restaurants étoilés
Magazine cuisine Neutre didactique Clarté, identification des ingrédients Marmiton, 750g

Le développement n’est jamais vraiment ‘fini’. Le meilleur format est celui qui n’existe pas : conserver le RAW et le catalogue Lightroom. C’est la seule méthode 100% non-destructive.

– Olivier Rocq, Expert en post-traitement et formateur Lightroom

Cette décision stratégique guide tous les réglages qui suivront. Elle transforme le développement d’une série de manipulations techniques en un acte intentionnel, aligné sur un objectif précis.

L’erreur de pousser les curseurs à fond et créer du bruit dans les ombres

L’un des pièges les plus courants pour le photographe qui découvre la puissance du RAW est de vouloir « tout sauver » en post-traitement. Une photo sous-exposée ? Il suffit de pousser le curseur « Exposition » ou « Ombres » à +100. Si cette flexibilité est l’un des grands avantages du RAW, son abus a une conséquence inévitable : l’apparition massive de bruit numérique. Ce bruit se manifeste sous deux formes : le bruit de luminance (un grain monochrome, parfois acceptable) et le bruit de chrominance (des taches de couleur disgracieuses, particulièrement visibles dans les zones sombres, qui dégradent fortement la qualité de l’image).

Vue macro détaillée montrant la différence entre une zone d'ombre bien exposée et une zone avec du bruit numérique

Cette vue détaillée illustre parfaitement le problème : à gauche, une ombre propre et détaillée ; à droite, la même zone dégradée par le bruit après avoir été excessivement « poussée » en post-traitement. La meilleure solution à ce problème n’est pas un logiciel de réduction de bruit, mais une action préventive à la prise de vue. C’est le principe de la technique « Exposer à Droite » (ETTR – Expose To The Right). Elle consiste à exposer sa photo le plus clair possible, en calant l’histogramme sur la droite, mais sans jamais « brûler » les hautes lumières (c’est-à-dire perdre l’information dans les blancs).

Pourquoi cette technique fonctionne-t-elle ? Le bruit numérique est beaucoup plus présent dans les ombres que dans les hautes lumières d’un capteur. En surexposant légèrement à la prise de vue, vous donnez plus de « signal » (de lumière) aux zones sombres de votre image. Ensuite, en post-traitement, il vous suffit de baisser l’exposition globale pour retrouver un rendu naturel. Ce faisant, vous baissez également le niveau du bruit de fond, obtenant ainsi des ombres beaucoup plus propres et détaillées que si vous aviez dû les éclaircir artificiellement. Comme l’explique cette analyse de la technique ETTR, un fichier RAW peut supporter une récupération significative, mais chaque stop de lumière remonté en post-production augmente le bruit de manière exponentielle.

En somme, la latitude du RAW ne doit pas être une excuse pour une exposition négligée. Penser au développement dès la prise de vue en appliquant des techniques comme l’ETTR est la marque d’un photographe qui maîtrise l’ensemble de la chaîne de production de son image.

Quel format d’export pour conserver la possibilité de ré-éditer vos développements ?

La question du format d’export est cruciale et la réponse est contre-intuitive : le meilleur format pour conserver la possibilité de ré-éditer un développement est de… ne pas exporter de manière définitive. Il faut graver dans le marbre cette philosophie : votre fichier RAW est votre négatif, et il est intouchable. Les logiciels comme Lightroom fonctionnent de manière non-destructive. Tous les réglages que vous appliquez ne sont qu’une liste d’instructions stockées dans un catalogue (le fichier .lrcat) ou un fichier annexe (.xmp). Le fichier RAW original n’est jamais modifié.

Cette approche est votre plus grande sécurité. Elle vous permet, des années plus tard, de revenir sur un développement, de créer une version noir et blanc, ou de bénéficier des améliorations des algorithmes des logiciels pour traiter à nouveau une ancienne photo avec une qualité supérieure. L’exportation (en JPEG, TIFF, etc.) ne doit être vue que comme la création d’une « copie » finale, destinée à un usage précis : l’impression, la publication web, l’envoi à un client. La véritable archive, c’est la combinaison du fichier RAW original et du fichier d’instructions de votre logiciel.

Cependant, il existe des scénarios où un fichier « maître » de très haute qualité est nécessaire, par exemple pour une retouche poussée dans Photoshop ou pour l’archivage à long terme en dehors de l’écosystème Lightroom. Dans ce cas, le JPEG est à proscrire. Sa compression destructive et sa profondeur de 8 bits anéantiraient une grande partie de la richesse de votre RAW. Le format à privilégier est le TIFF 16 bits. Pour comprendre l’ampleur de la différence, la différence de profondeur entre un TIFF 16 bits et un JPEG standard représente un passage de 16,7 millions de couleurs à plus de 281 trillions. Cette immense palette de nuances préserve toute la latitude de votre fichier original pour des retouches futures.

En résumé, la meilleure pratique est double : conservez toujours vos RAW originaux ainsi que votre catalogue, et si vous avez besoin d’un fichier intermédiaire de haute qualité, optez pour le TIFF 16 bits sans compression. C’est la seule façon de garantir une flexibilité totale pour l’avenir.

Presets Lightroom vs ajustements manuels : quelle approche pour quel type de photo ?

Le débat entre l’utilisation de presets (paramètres prédéfinis) et les ajustements manuels est souvent caricaturé. Les presets ne sont ni une solution miracle ni une forme de « triche ». Pour le photographe professionnel, ils sont avant tout un outil de cohérence et d’efficacité. L’idée n’est pas d’appliquer un filtre générique et de considérer le travail comme terminé, mais d’utiliser le preset comme un point de départ, une base de travail qui garantit un style homogène sur une série d’images. C’est particulièrement vital dans des domaines à fort volume, comme la photographie de mariage, où il faut traiter des milliers de photos.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon une enquête sur l’industrie, près de 70% des photographes professionnels utilisent des presets comme base de leur flux de travail. Cependant, le détail le plus important est que 90% d’entre eux les personnalisent ensuite systématiquement pour adapter le rendu à chaque image. Le preset applique la « couche » de style (la colorimétrie, la courbe de tonalité), mais les ajustements manuels de base (exposition, balance des blancs) restent indispensables pour chaque photo. Un preset ne peut pas corriger une mauvaise exposition.

L’approche la plus pertinente est donc hybride :

  • Pour les reportages (mariage, événementiel) : L’utilisation d’un preset personnel est quasi obligatoire pour assurer une cohérence visuelle sur des centaines, voire des milliers d’images. Il sert de fondation stylistique.
  • Pour la photographie de paysage ou d’architecture : Chaque image est souvent unique. Un développement entièrement manuel est plus approprié pour sculpter la lumière et les détails de manière très précise, même si un preset peut servir de première ébauche créative.
  • Pour le portrait en série : Un preset garantit que les tons de peau restent cohérents d’une photo à l’autre, après quoi des ajustements manuels locaux sont effectués.

Le véritable pouvoir des presets se révèle lorsque vous créez les vôtres. Un preset « signature » est l’aboutissement de votre vision artistique, encapsulé dans un réglage réutilisable. Voici comment bâtir le vôtre.

Votre plan d’action : créer vos presets signature

  1. Développement manuel : Choisissez 5 à 10 photos parfaitement exposées et représentatives de votre style, puis développez-les manuellement jusqu’à obtenir le rendu idéal.
  2. Identification des réglages communs : Analysez ces développements et identifiez les réglages qui reviennent systématiquement (par exemple, une courbe de tonalité en S, des modifications dans le panneau Calibration, une désaturation des verts).
  3. Création du preset de base : Créez un nouveau preset en ne cochant QUE ces réglages communs. Ne cochez ni l’exposition, ni la balance des blancs, qui doivent rester spécifiques à chaque photo.
  4. Création de variations : À partir de cette base, créez des variations pour des contextes précis (ex: « Signature – Portrait lumière douce », « Signature – Paysage contrasté »).
  5. Test et affinage : Appliquez vos nouveaux presets sur une vingtaine de photos variées. Affinez les paramètres si nécessaire pour qu’ils fonctionnent comme un bon point de départ dans 80% des cas.

En fin de compte, les presets sont au développement ce que les gammes sont à un musicien : une structure qui, une fois maîtrisée, permet une plus grande liberté d’improvisation et d’expression.

Comment définir votre workflow post-production en 5 étapes selon votre pratique ?

Il n’existe pas de workflow universel. Un photographe de sport traitant 5000 images en une soirée n’a pas les mêmes priorités qu’un photographe d’architecture peaufinant une dizaine de clichés pendant une semaine. La clé est d’adapter votre processus à votre volume d’images et à vos exigences de qualité finales. Un workflow optimisé ne vous fait pas seulement gagner du temps ; il préserve votre énergie mentale pour les tâches créatives à forte valeur ajoutée. Fondamentalement, tout workflow peut se décomposer en cinq grandes phases, mais le temps et l’attention portés à chacune varient drastiquement.

Voici comment ces 5 phases s’adaptent aux différentes spécialités :

  1. L’Ingestion & le Tri : Pour un photographe de mariage ou de sport, c’est l’étape la plus critique. Il faut être impitoyable et rapide pour passer de 3000 à 300 images. L’utilisation des raccourcis clavier (drapeaux, étoiles) est essentielle. Pour un paysagiste, cette étape est plus rapide, le volume étant bien moindre.
  2. Le Développement Global : Le photographe de mariage applique son preset signature en « batch » (par lots) pour assurer la cohérence, puis ajuste l’exposition de chaque photo. Le photographe de portrait fait de même pour garantir l’homogénéité des tons chair sur toute la série.
  3. Le Développement Localisé : C’est ici que le paysagiste ou l’architecte passe le plus de temps, avec des masques complexes pour gérer le ciel, l’avant-plan, ou fusionner des expositions (HDR). Le retoucheur portrait se concentrera sur la peau et les yeux.
  4. La Finalisation & la Retouche : Pour la plupart des pratiques, Lightroom suffit. Mais pour le portrait haut de gamme ou la photo publicitaire, c’est le moment de passer sur Photoshop pour des retouches fines (dodge and burn, liquify).
  5. L’Export & la Livraison : Le photographe de sport doit exporter des JPEG optimisés quasi instantanément pour les agences. Le photographe de mariage prépare des galeries en ligne et des formats pour l’impression. Le paysagiste crée un fichier TIFF 16 bits pour un tirage d’art grand format.

Savoir jeter est aussi important que savoir développer pour construire un portfolio percutant. La méthode du drapeau dans Lightroom permet de passer de 1000 à 100 photos rapidement.

– Jean-François Vibert, Photographe professionnel et formateur

Cette citation souligne l’importance capitale de la phase de tri. Trop de photographes s’épuisent à vouloir tout développer. La première étape d’un bon workflow, c’est de décider ce qui ne mérite PAS d’être développé.

En analysant où vous passez le plus de temps et quelles sont les exigences de vos livrables, vous pouvez construire un processus sur mesure qui transforme la post-production d’une corvée en une partie fluide et efficace de votre art.

À retenir

  • Le fichier RAW n’est pas une image, mais un « négatif numérique » : sa richesse est latente et attend votre interprétation créative.
  • Un workflow systématique est essentiel. Il doit être structuré (du global au local) mais adapté à votre pratique photographique spécifique (volume, exigences).
  • Le but ultime du développement n’est pas la perfection technique, mais la création d’une signature visuelle qui sert votre intention, qu’elle soit neutre ou interprétative.

Comment exploiter les 20% de fonctions Lightroom qui font 80% de la différence ?

La maîtrise d’un logiciel comme Lightroom ne consiste pas à connaître chaque curseur, mais à identifier les quelques outils qui ont un impact disproportionné sur la qualité et la singularité de vos images. Alors que beaucoup se concentrent sur l’achat de nouveau matériel, la véritable montée en compétence se situe souvent dans l’exploitation de fonctions avancées mais sous-estimées. Sortir du panneau « Réglages de base » pour explorer ces outils plus pointus est ce qui sépare un développement correct d’un développement d’expert. Ce sont ces fonctions qui vous permettront de créer une véritable signature visuelle.

Voici quatre de ces outils, souvent ignorés, qui peuvent radicalement transformer vos images :

  • Masquage par plage de Couleur et de Luminance : C’est un changement de paradigme pour les ajustements locaux. Au lieu de « peindre » un masque de manière imprécise, vous pouvez demander à Lightroom de ne cibler qu’une plage spécifique. Par exemple, assombrir uniquement le bleu du ciel sans affecter les bâtiments, ou réchauffer les tons chair d’un portrait sans modifier l’arrière-plan. C’est un contrôle d’une précision chirurgicale.
  • Panneau Calibration : C’est sans doute l’outil le plus puissant et le plus méconnu pour créer un style. Il modifie l’interprétation initiale des couleurs primaires (Rouge, Vert, Bleu) de votre fichier RAW. En ajustant subtilement ces curseurs, vous pouvez changer en profondeur le rendu global de vos couleurs et créer des ambiances uniques (par exemple, le fameux look « teal and orange ») qui deviennent votre marque de fabrique.
  • Outil Transformation avec guides (Upright) : Pour la photographie d’architecture ou d’immobilier, c’est un sauveur. Au-delà des corrections automatiques, les guides vous permettent de tracer manuellement les lignes qui devraient être parfaitement verticales ou horizontales. Lightroom se charge de redresser l’image avec une perfection impossible à atteindre à la main, un gage de professionnalisme absolu.
  • Épreuvage Écran (Soft Proofing) : Cette fonction est indispensable avant toute impression. Elle vous permet de simuler à l’écran le rendu final de votre photo une fois imprimée sur un papier et avec une imprimante spécifiques. En utilisant les profils ICC fournis par les laboratoires français de référence comme Picto ou Nation Photo, vous visualisez les éventuels changements de couleur ou de contraste et pouvez les corriger avant de lancer l’impression, évitant ainsi des déceptions et des coûts inutiles.

L’exploration de ces outils est un investissement en temps bien plus rentable que l’achat d’un nouvel objectif. Pour véritablement faire la différence, concentrez-vous sur les 20% de fonctions qui produisent 80% des résultats.

En intégrant ces quatre outils à votre routine, vous ne ferez plus que « corriger » vos photos : vous les sculpterez. C’est l’étape finale pour passer du statut de photographe qui subit la technique à celui d’artiste qui la maîtrise pour servir sa vision.

Questions fréquentes sur le développement de fichiers RAW

Faut-il conserver les fichiers RAW après export ?

Absolument. Ce sont vos négatifs numériques, exploitables même après des années avec de nouveaux outils de traitement. Le stockage a un coût, mais jeter un RAW, c’est jeter l’original de votre œuvre. Une réédition future avec de meilleurs logiciels peut révéler un potentiel insoupçonné.

Le DNG est-il meilleur que le RAW propriétaire ?

Le DNG (Digital Negative) est un format de RAW universel créé par Adobe. Son principal avantage est la pérennité : il garantit que vos fichiers pourront être lus par les futurs logiciels, alors qu’un format RAW propriétaire (comme .CR3 de Canon ou .NEF de Nikon) pourrait devenir obsolète. Il encapsule également les réglages de développement directement dans le fichier, simplifiant l’archivage. C’est un choix stratégique pour la sécurité à long terme.

Quelle est la meilleure pratique pour l’archivage long terme ?

La méthode la plus sûre est la règle du 3-2-1 : 3 copies de vos données, sur 2 supports différents, dont 1 hors-site. Concrètement, cela signifie conserver vos fichiers RAW originaux (ou DNG) ainsi que votre catalogue Lightroom (.lrcat) ou les fichiers XMP sidecar sur votre disque de travail, un disque dur externe de sauvegarde, et une troisième copie sur un service cloud ou un disque stocké dans un autre lieu physique.

Rédigé par Julien Lefebvre, Julien Lefebvre est retoucheur professionnel haute-fidélité depuis 16 ans et formateur certifié Adobe Lightroom et Photoshop. Diplômé de l'école Gobelins en imagerie numérique, il dirige un studio de post-production à Paris spécialisé dans la retouche pour la mode, le luxe et l'édition photographique haut de gamme.